Accès libre Accès libre  Accès restreint Accès sous abonnement

TUEUSE D’HOMME. Violence et ambiguïté féminine à travers l’iconographie de Clytemnestre

Valérie Toillion

Résumé


Première lignes de l'article :

La dualité féminine semble avoir été l’objet, dans l’imagerie grecque ancienne, d’une certaine fascination ; qu’il s’agisse du potentiel érotique du corps féminin ou de sa propension à la destruction, la femme grecque stimule l’imaginaire des peintres de vases, à l’exemple du « Peintre de Pasiadès » sur un des alabastres appartenant au « Groupe de Paidikos ». Chacune des faces nous révèle un aspect de la féminité. Sur l’avers, une femme idéalisée, séduisante, portant un vêtement qui, comme une seconde peau, suit les courbes de son corps. Au revers, une autre danse, vêtue d’une nébride, attribut dionysiaque par excellence, image de la part plus sombre de la féminité. La dualité féminine semble ici s’exprimer grâce à ces deux figures antithétiques, chacune d’elle incarnant des valeurs qui correspondent soit à un idéal (bonne conduite, tempérance, modestie), soit à un aspect plus inhabituel de leur comportement (agitation, indiscipline, violence). Bien sûr, de telles attitudes ne sont admises que dans le cadre d’un culte régularisé, comme pour les fêtes en l’honneur de Dionysos : les femmes qui y participent « font les bacchantes » et sont nommées ménades ou thyades. Ces comportements sont alors contrôlés par le calendrier religieux. Pour les héroïnes mythiques, le comportement déviant est toujours placé sous le « commandement » d’une divinité : Héra ou Dionysos par exemple, conduisant souvent le héros ou l’héroïne à sa perte. C’est ce que l’imagerie véhicule : une vision « idéale », fantasmée de la femme-ménade. Il semblerait ainsi que certains de ces fantasmes, mais aussi certaines craintes masculines, se soient matérialisées dans des figures mythiques, à la fois fascinantes par leur beauté (à l’exemple d’Hélène), et inquiétantes – effrayantes même, comme Médée ou Clytemnestre – par leurs capacités à renverser l’ordre normal des choses et provoquer le chaos. Le type iconographique le plus manifeste retenu pour représenter ce genre de personnage est alors celui de la Ménade ou de l’Amazone.


Texte intégral :

PDF

Renvois

  • Il n'y a présentement aucun renvoi.




© Société des Études Classiques a.s.b.l. - Rue de Bruxelles 61, B-5000 Namur, Belgique.

La revue bénéficie de l'aide financière du Fonds de la Recherche Scientifique - FNRS de Belgique et de la Fondation Universitaire de Belgique.