LES DATES HÉBRAÏQUES DANS LE COMPVTVS ECCLESIASTICVS DE SAINT MAXIME LE CONFESSEUR.
Résumé
Introduction de l'article :
Saint Maxime le Confesseur (env. 580 - 662), moine et éminent théo- logien byzantin du VIIe siècle, fut un penseur dont l’œuvre prolifique, d’une nonantaine d’écrits, embrasse de nombreux domaines de la théologie, tels que l’exégèse, la christologie, le commentaire des Pères ou de la liturgie, ou encore l’ascétisme et le mysticisme. À la fois de tradition origénienne et dans la lignée des Cappadociens, influencé par Évagre le Pontique et le Pseudo-Denys l’Aréopagite, le Confesseur fut un polémiste qui marqua les esprits par sa rigueur dogmatique et sa lutte acharnée contre la diffusion du monothélisme 1. L’œuvre du saint revêt un caractère complexe provenant tantôt de la précision de sa pensée logique, tantôt de la longueur de ses phrases. Le but de ce court propos est d’épingler une singularité présente dans un écrit mineur du théologien, le Computus ecclesiasticus, trait particulier qui vient souligner – s’il le faut encore – la richesse de la pensée du Confesseur. L’opuscule en question est un traité de chronologie ecclésiastique qui s’inscrit à la fois dans la continuité du comput d’Alexandrie et dans la tradition de l’Église. Il a notamment comme objectifs de redéfinir la méthodologie du calcul de la fête de Pâques, de démontrer l’erreur du comput des quintuplants et sextuplants 2 et de proposer plusieurs listes chronologiques des Patriarches de la Bible, rois orientaux et empereurs romains, l’ensemble de ces listes formant une chronologie continue depuis Adam jusqu’à Maxime, ainsi qu’une liste des principaux conciles et synodes.
La première section du Computus, de genre épistolaire, s’adresse au patrice Pierre, stratège de Numidie et probablement exarque d’Afrique 3. Le comput, daté de la fin de 640 ou du début de 641, adressé T ̆ paneufamJ PatrikÖJ, kurÖJ PötrJ, M£ximoj tapein’j mon£zwn et intitulé 'Exaghsij kefalaiËdhj perà to‡ kat¶ Crist’n t’n Qe’n 1mÓn swthrÖou P£sca, t’ diagrafùn kan“nion òrmhne⁄ousa, part d’une table chronologique dont les éléments servent à fixer, selon une méthode de calcul bien précise, un calendrier perpétuel de la fête de Pâques. L’auteur entre aussi ponctuellement dans des développements théoriques afin de prouver la véracité du système chronologique employé 4. L’originalité de Maxime est de ne pas avoir développé le seul calcul pascal, mais d’y avoir joint deux autres dates liturgiques, le début du carême et la fête du « dixième jour du septième mois hébreu ». Enfin, autre particularité, ce sont des dates du calendrier hébraïque, converties ensuite dans le calendrier julien, qui font office de point de départ dans la résolution du calcul chro- nologique des trois fêtes :
– le 14 Nisan, date hébraïque sur laquelle se base le comput de Pâques = du 21 mars au 18 avril ;
– les 16 et 17 Shevat et le 18 Adar, dates théoriques auxquelles débute le jeûne pascal (multiples en fonction du type d’année, cf. infra, n. 7) = du 24 janvier au 21 février ;
– le 10 Tishri, fête du « dixième jour du septième mois hébreu » = du 10 septembre au 8 octobre.
Notre propos vise, tout d’abord, à expliquer cet emploi du calendrier hébraïque et, dans un second temps, à éclaircir le comput peu commun de la fête du « dixième jour du septième mois hébreu ».
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