ARGUMENTS AS BOXING GLOVES. Ethics of philosophical polemics in Middle Platonism

Résumé

Dans les œuvres de Plutarque de Chéronée, en particulier ses traités anti-épicuriens Aduersus Colotem et Non posse suauiter uiui secundum Epicurum, on peut trouver beaucoup de renseignements sur les règles éthiques à suivre pour polémiquer correctement. Plutarque n'a certainement jamais érigé en système l'éthique de ses polémiques philosophiques, mais il a adopté une série relativement cohérente de critères précis, dont il explique de façon plus ou moins détaillée la pertinence et la valeur. L'étude de ces critères montre que l'idéal de Plutarque est une discussion bienveillante, structurée et raisonnée, reposant sur une argumentation compétente et sur la recherche de la vérité.

Cet article s'intéresse aux règles qui définissent une polémique philosophique correcte, ainsi qu'à la manière dont Plutarque lui-même en fait usage dans ses traités anti-épicuriens. Avant toute chose, selon Plutarque, une bonne discussion philosophique doit remplir au préalable plusieurs conditions intellectuelles, telles que le respect minimal des règles du raisonnement logique et la connaissance approfondie du sujet traité. En second lieu, ces règles intellectuelles se doublent d'un ensemble d'exigences morales : la discussion dans son ensemble doit être parfaitement exempte de l'influence pernicieuse des sentiments.

Dans ses polémiques contre l'épicurisme, Plutarque montre comment Colotès et son maître Épicure enfreignent souvent ces règles intellectuelles et morales. Reste à savoir, toutefois, si Plutarque lui-même respecte ses propres règles dans son attaque contre la philosophie épicurienne. Une analyse approfondie montre qu'effectivement, il respecte souvent avec loyauté ses propres exigences intellectuelles et morales, mais que, malgré ses efforts pour montrer l'exemple, ses attaques polémiques sont parfois aussi en désaccord avec ses propres règles.