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ZALMOXIS ET LA QUÊTE DE L’IMMORTALITÉ : POUR LA RÉVISION DE QUELQUES THÉORIES RÉCENTES

Dan Dana

Résumé


Si, au XIXe siècle, Zalmoxis est vu comme une divinité chthonienne de la végétation, à partir du milieu du XXe siècle son interprétation est différente, en accord avec le changement de paradigmes et des points d’intérêts à l’œuvre dans l’histoire des religions. Une approche historiographique suggère que les nouvelles grilles selon lesquels Zalmoxis est aujourd’hui interprété (chamanisme, initiations et mystères, trifonctionnalisme indo-européen) suivent elles aussi la mode du temps. Selon la monographie très influente de M. Eliade (De Zalmoxis à Genghis-Khan, Paris, 1970), le réformateur Zalmoxis est censé instituer un culte initiatique concernant l’immortalité de l’âme. Cette thèse, très répandue, connaît de nombreuses variantes et re-formulations. En outre, depuis E. R. Dodds, Zalmoxis est vu comme un chaman. — Mon article insistera sur la critique de certaines théories très récentes qui, influen- cées par la thèse initiatique d’Eliade, mais également par la thèse du « chamanisme grec » (où Zalmoxis aurait constitué le chaînon manquant), et dans une approche de type anthropologique, voient dans le dieu gète un réformateur/prophète/chaman qui aurait institué un culte à mystères et influencé la religion grecque. C. Marcaccini parle ainsi d’une élite sacerdotale et aristocratique favorisant une spiritualité de type orphi- co-bachique. Y. Ustinova établit une catégorie de figures chthoniennes et mi-chamaniques, patronnant des rites d’initiation, placées dans le centre et le Nord des Balkans (Amphiaraos, Trophonios, Asclépios, Zalmoxis), émettant l’hypothèse de la disper- sion ou d’une origine thrace. Selon cette théorie, Apollon Iatros, si populaire dans le Pont, est à mettre en relation avec les croyances des Gètes – ce qui est abusif, car il s’agit d’une divinité typiquement ionienne, apportée par les colons grecs. Prétendant respecter le contexte indigène et pratiquer la comparaison avisée, cette approche ne fait que perpétuer, dans une forme plus subtile et plus « documentée », le mythe scientifique du chamanisme scythe et thrace qui aurait influencé la Grèce archaïque. Cela d’autant plus que, pour le culte de Zalmoxis, on ne dispose d’aucune source archéologique ou épigraphique, et d’aucune source indigène : car toute notre docu- mentation relève du regard des Grecs et se place dans un contexte littéraire grec. 


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