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ENTRE CONSTANTIN ET THÉODOSE. L’image incertaine des empereurs chrétiens chez leurs coreligionnaires des IVe et Ve siècles

Jean Bouffartigue

Résumé


Entre Constantin et Théodose ont régné plusieurs empereurs chrétiens : Constantin II, Constant, Constance, Jovien, Valens, Valentinien, Valentinien II, Gratien. L’histoire retient d’eux qu’ils durent faire face à de grandes difficultés et qu’ils 

connurent quelques échecs graves. Elle retient également que quelques-uns manquèrent de sagesse politique ou se comportèrent avec cruauté. Les auteurs chrétiens de l’époque sont partagés entre la conscience de leurs insuffisances et leur volonté d’affirmer le point de vue selon lequel l’Empire romain ne peut que se louer d’avoir désormais des empereurs pieux. La difficulté s’accroît du fait que ces empereurs prenaient parfois d’une manière décidée le parti de l’arianisme. Sur la stature morale de ces souverains, les jugements des auteurs chrétiens doivent être confrontés à ceux d’Ammien Marcellin afin d’apprécier le degré d’indulgence dont ils ont bénéficié de la part de leurs coreligionnaires. L’analyse peut décrire comment les différentes vertus morales sont conditionnées par une seule d’entre elles qui est la piété. Concernant les jugements portés sur les empereurs, on étudiera les stratégies mises en œuvre par les historiens chrétiens : Philostorge (qui avait adopté le point de vue de l’arianisme), Socrate, Théodoret et Sozomène, ainsi que par quelques Pères dont principalement Grégoire de Nazianze, mais aussi Augustin. Dans leur majorité, les empereurs chrétiens du IVe siècle sont considérés comme nicéens, parfois tacitement. Le reproche d’arianisme est explicite dans le cas de Constance II, Valens et Valentinien II au début de son règne. Si Constance est l’objet d’appréciations contrastées, l’unanimité se fait contre Valens, dénoncé comme un monstre d’impiété. Les échecs militaires subis par les empereurs chrétiens posent un problème. Dans le cas de Jovien, l’échec est soit avoué mais excusé, soit tout simplement nié, tandis dans le cas de Valens la catastrophe est expliquée par l’impiété de l’empereur. Les historiens Socrate et Sozomène soulignent la tolérance de certains empereurs, mais il n’y louent qu’une attitude modérée devant les deux partis chrétiens en opposition. Le portrait moral et même physique des souverains est avantageux, exception faite pour les ariens Constance et surtout Valens. Au total il est évident que les empereurs non stigmatisés comme ariens font l’objet de larges préjugés favorables. Augustin est le seul auteur chrétien de l’époque qui reconnaisse qu’un empereur chrétien n’est pas par définition vertueux et triomphant, et que sa position lui assigne plus de devoirs difficiles qu’elle ne lui garantit de succès. 


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