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AUTOUR DE ROMULUS ET DES LUPERCALIA. Une exploration préliminaire

Patrick Marchetti

Résumé


Il n’est pas de dossier plus complexe que celui de la légende romuléenne en raison de la charge symbolique dont il est accablé et de l’affolante abondance des études auxquelles il a servi de prétexte. Les ingrédients de la vulgate, telle qu’on la trouve amplifiée chez Denys d’Halicarnasse et Plutarque, offrent chacun de nombreux prétextes à développements multiples, où l’on perd souvent de vue la cohérence générale et la nécessité, en saine méthode historique, d’inscrire nos travaux dans une critique serrée des témoignages. L’étude des données légendaires ne saurait échapper aux règles de la discipline : si Romulus n’a pas été un acteur direct de l’histoire, les développements de sa geste relèvent, eux, d’une élaboration progressive qui a été le fait d’écrivains et on ne peut confondre ces développements avec les « mythèmes » ou invariants légendaires qui au départ ont offert le canevas des récits de fondation. Il importe donc avant toute analyse de fixer très précisément le contenu à examiner – éléments mythiques ou greffes successives –, ce qui n’est pourtant que rarement le cas dans les études qui s’offrent à nos lectures, en raison d’une équivoque immédiate à laquelle on n’échappe pas facilement : les légendes sont ici véhiculées par des « récits » d’historiens qui ont transféré le matériau légendaire dans de la pseudo-histoire et lui ont ainsi donné un air d’authenticité. Et même quand ce sont des poètes, comme Virgile ou Ovide, qui en font état, leurs réalisations ne sont pas moins ambiguës puisque l’épopée latine a plus que toute autre l’allure d’une histoire vraie, tandis que les considérations autour des fêtes et des rites de la religion romaine se donnent très souvent elles aussi pour un miroir fidèle du passé. Les récits qui nous sont parvenus de ce donné particulier – que déjà à Rome l’on ne pouvait mettre en doute sans s’exposer aux foudres romaines –, sont, aussi, pour ceux d’entre eux que nous connaissons le mieux, d’abord de grandes créations littéraires (Tite-Live) ou de riches compilations (Denys d’Halicarnasse et Plutarque) qu’on ne peut simplement confondre comme les témoins successifs d’une vulgate. Il s’agit aussi et avant tout de récits élaborés dans le contexte augustéen, comme tant d’autres mises en scène de l’historie républicaine.


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