PIGNVS SALVTIS ATQVE IMPERII. L’enjeu du Palladium dans les luttes politiques de la fin de la République.
Résumé
Introduction de l'article :
Dans une notice consacrée au terme ancile, le commentaire du Servius auctus affirmait :
Septem fuerunt pignora, quae imperium Romanum tenent : † aius matris deum, quadriga fictilis Veientanorum, cineres Orestis, sceptrum Priami, uelum Ilionae, Palladium, ancilia (Serv., ad Aen., VII, 188).
Parmi les sept gages de la puissance romaine recensés par l’érudit fi- gure le Palladium, l’antique statue d’Athéna, tenant la lance et le bouclier, qui était conservée, avec les Pénates et d’autres sacra, dans le temple de Vesta sur le Forum. En 191 apr. J.-C., sous Commode, lors d’un incendie du temple, les vestales avaient transporté les objets sacrés jusqu’au palais du Palatin : « C’est alors, pour la première fois depuis son arrivée de Troie en Italie, que le Palladium fut exposé au regard des hommes ». Un impénétrable mystère enveloppait en effet les sacra du temple de Vesta, dont l’accès était interdit aux profanes. Nos sources nous laissent entre- voir les discussions qui entouraient le Palladium : au début de l’Empire, les avis étaient partagés tant sur les circonstances de son arrivée en Italie que sur sa présence effective dans le temple de Vesta. Les premiers documents à mentionner l’existence de la statue de Pallas dans ce sanctuaire datent du milieu du Ier s. av. J.-C. Depuis le XIXe siècle, les nombreuses études qui traitèrent du Palladium se sont attachées essentiellement à déterminer à quand remonte la prétention de Rome à détenir ce garant de l’empire, ce qui donna lieu à une série d’hypothèses plus ou moins convergentes. On s’est moins interrogé, par contre, sur la place occupée par le Palladium dans les luttes d’influence auxquelles se livrèrent les grandes figures de la fin de la République, époque où nos sources nous laissent percevoir que ce thème fut vivement réactivé.
Nous sommes d’avis que les divergences ou les contradictions que l’on observe dans le mythe romain du Palladium sont dans une large mesure le reflet de diverses tentatives de « récupération » de ce symbole. Du fait de sa valeur de pignus imperii, la statue de Pallas était investie d’une signification politique très prégnante et devait constituer un enjeu idéologique majeur. Il ne nous semble donc pas inutile de replacer les données fournies par nos sources dans le contexte des propagandes du Ier s. av. J.-C. afin de retracer l’histoire des appropriations et récupérations idéologiques dont le Palladium a fait l’objet durant les dernières décennies de la République.
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