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INTERPRÉTER L’AMBASSADE DES TROIS PHILOSOPHES EN 155. Mise au jour de nouveaux fragments de Polybe ?

Olivier Terwagne

Résumé


Introduction de l'article :

La présente étude est le premier jalon d’une enquête historique dont l’ambition est de comprendre la République romaine finissante dans sa dimension politique, économique, sociale et culturelle par la médiation des débats philosophiques qui l’ont agitée. Notre approche se fonde sur la position épistémologique suivante : nous pensons que les concepts n’évo- luent pas au sein d’une sphère parallèle, dissociée des faits sensibles et cantonnée dans le secteur spécialisé de l’« histoire des idées ». Au contraire, le réel se dévoile à travers le langage et les grilles de lecture qui ont nourri des personnes de chair et de sang et ont déterminé de manière consciente ou inconsciente leur rapport au monde. Dès lors, reconstituer la généalogie de ces « clés d’accès à la réalité » pourrait être une heuristique pertinente et tout aussi « objective » que les approches marxistes, « marxiennes » ou structuralistes, qui considèrent l’histoire comme un champ d’infrastructu- res, de jeux de dominations et d’institutions. Dans le sillage de Paul Ricœur et de sa méthode « narrativiste », nous en appelons, en complément des approches précitées, à une « mise en intrigue » des conceptions des hommes qui se racontent et mettent en perspective les événements qui ont marqué leur histoire. D’événement il sera précisément question dans ce texte, puisque nous allons aborder l’Ambassade des trois philosophes. Pourquoi l’envisager comme premier jalon de notre enquête ? Nous avons pris au mot Cicéron, qui a vu en cet épisode le terminus post quem de l’introduction de la phi- losophie à Rome. Nous y décelons davantage de significations que notre prestigieux prédécesseur. À notre sens, l’Ambassade cristallise différents débats qui animent l’Vrbs à cette époque, à propos de l’éducation, de l’autorité et de l’identité romaines. Notre propos se divisera en trois parties. La première sera heuristique, herméneutique et historiographique. Nous y examinerons les sources et exposerons, après une sommaire critique histo- rique, les faits bruts du dossier « l’Ambassade ». De la tradition des Anciens et des Modernes, nous dégagerons trois tendances historiographi- ques, ou plutôt trois « récits », qui livrent une lecture globale de l’événement. Ensuite, la deuxième partie tentera de mettre au jour certains fragments de Polybe à ajouter au corpus de sources sur l’Ambassade réunies par Giovanna Garbarino en 1975. Polybe se révélera être l’archétype important d’une tradition historiographique de cet épisode, de Rutilius Rufus à Plutarque. Enfin, dans une troisième et dernière partie, davantage interprétative, nous tenterons de lire entre les lignes de ces fragments supposés : nous reconstituerons le récit polybéen de l’Ambassade à replacer dans un des fils rouges de son œuvre d’après 168, à savoir sa lecture de l’éducation à Rome. Nous en élargirons la portée au débat philosophique qui a sous-tendu la question agraire à la fin du Ier siècle. 


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