EL CASO DE LA VIUDA DE DIÓDOTO, O UNA POÉTICA DE LA AUSENCIA. Retórica judicial y enunciación femenina en Lys., 32.12-17
Résumé
La construction de l’image féminine dans la littérature grecque s’opère généralement à partir du regard de l’homme. Les genres littéraires en Grèce classique – caractérisés par la présence masculine – aménagent une réalité textuelle qui décrit les femmes et leurs caractéristiques à partir d’un regard extérieur. Cette opinion extrinsèque se manifeste donc inévitablement dans les témoignages conservés de la rhétorique attique, surtout si l’on tient compte du fait que les femmes, à Athènes, ne pouvaient pas se présenter auprès d’un tribunal en tant que demanderesses ou accusées. Les hommes qui, engagés dans un procès judiciaire, entraient d’une manière ou d’une autre en rapport avec des figures féminines ont dû composer avec leurs propres mots un profil de femme approprié à leurs stratégies de persuasion. — Dans le discours 32, l’orateur Lysias présente l’histoire de la veuve de Diodote qui, après avoir découvert que son tuteur Diogiton l’avait trompée sur sa situation financière, décide de faire appel à son gendre pour qu’il la représente en justice contre son κύριος. L’acte d’accusation comprend de nombreux discours directs, comme s’il s’agissait de reproduire devant le tribunal les propres termes employés par la femme et comme si la veuve elle-même s’adressait aux juges. Cette technique dramatique permet d’octroyer une voix à l’absente et de l’introduire dans une narration à la troisième personne ; l’argumentation acquiert ainsi une dimension différente, par le rapprochement de deux modes d’énonciation orale qui s’imbriquent pour donner vraisemblance au récit. — L’étude des aspects rhétoriques de ces interventions incluses au sein du discours principal et des ressources destinées à actualiser une présence à travers le langage nous permettra d’analyser les fonctions de ces passages et les moyens littéraires propres à récupérer un droit de parole perdu. De cette manière, Lysias nous présente un mécanisme théâtral employé pour résoudre l’impossibilité pratique d’amener une accusatrice devant le jury ; il s’agit d’une méthode d’argumentation indirecte, surgissant de l’absence, qui n’est pas seulement originale, mais qui tire aussi profit d’un genre dynamique et polyphonique pour construire une autre vision possible des femmes athéniennes face au droit.
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