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DIE SELBSTANWENDUNG DER SKEPSIS IM PYRRHONISCHEN SKEPTIZISMUS VON SEXTUS EMPIRICUS

Rainer Schäfer

Résumé


Le sceptique conséquent ne fait pas que détruire les prétentions à la vérité et à la connaissance des dogmatiques, donc de ceux qui soutiennent une doctrine, mais il cherche également, en fin de compte, à briser ses propres ar- guments dirigés contre ceux développés par les dogmatiques. Cette implosion du scepticisme peut être considérée soit comme une autodestruction insensée, soit – ce qui est le cas ici – comme une application conséquente à soi-même du doute, ce qui en fait une attitude dénuée de toute prise de position. Cette façon consé- quente d’appliquer le doute à soi-même est déjà reflétée dans le scepticisme pyrrhonien antique, tel que le présente Sextus Empiricus. L’application du scepti- cisme à soi-même mène d’une part, il est vrai, à l’extrême limite du concevable, mais elle mène aussi, d’autre part, à une inattaquabilité radicale du scepticisme pyrrhonien. Cette auto-application du doute n’est concevable que dans un sens très spécifique du concept. La cohérence interne du scepticisme pyrrhonien dérive du fait que l’auto-abolition de la proposition « Aucun jugement n’est vrai » ne constitue qu’une forme particulière de l’abolition de tous les jugements prônée par le scepticisme pyrrhonien. Ce jugement n’est pas simplement vrai ou faux, il mène à une oscillation perpétuelle entre les deux valeurs de vérité : « vrai - faux ». Le fait que la phrase disant qu’aucune phrase n’est vraie s’abolit d’elle-même est donc même à considérer, du point de vue du sceptique pyrrhonien, comme la confir- mation ultime de son intention d’abolir toutes les prétentions à la vérité. — Cette auto-application entraîne toutefois comme conséquence que le scepticisme pyrrhonien, dont le telos éthique est de voir chez chacun l’âme heureuse et af- franchie des dogmes, n’est plus au service de la vie et est animé d’intentions purement destructrices. Il ne peut plus faire partie d’une philosophie constructive parce que, de par son attitude conséquente consistant à pratiquer le doute vis-à-vis de lui-même, il s’exclut du discours philosophique. 


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